Papillomavirus humain (HPV) : Guide complet sur le virus, sa transmission, ses symptômes et sa prévention

Le papillomavirus humain (HPV) est un virus sexuellement transmissible très courant, souvent sans symptôme, mais pouvant causer verrues génitales et cancers.
Papillomavirus humain (HPV) : Guide complet sur le virus, sa transmission, ses symptômes et sa prévention

Dans cet article

Introduction : Qu’est-ce que le papillomavirus et quel est son impact ?

Le papillomavirus humain – souvent abrégé HPV (pour Human Papillomavirus) – désigne une famille de virus très courants, en particulier dans la population sexuellement active. Il s’agit de l’une des infections sexuellement transmissibles (IST) les plus fréquentes au monde (). On recense plus de 150 types de HPV, dont environ 40 peuvent infecter la région anogénitale (organes génitaux et anus) des hommes et des femmes (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles).

La plupart du temps, ces infections passent inaperçues et sont sans conséquence, aucun symptôme n’apparaît dans la grande majorité des cas. Néanmoins, certaines souches de HPV peuvent entraîner des maladies graves lorsqu’elles persistent dans l’organisme ().

Sur le plan de la santé publique, l’impact du papillomavirus est majeur. Une infection persistante par un HPV dit « à haut risque » est la cause nécessaire du cancer du col de l’utérus () – c’est-à-dire qu’on retrouve la trace d’un HPV dans la quasi-totalité de ces cancers.

Le HPV est ainsi responsable de presque 100 % des cancers du col de l’utérus, d’environ 90 % des cancers de l’anus et contribue à de nombreux cancers d’autres localisations (cancers de la gorge/oropharynx, du pénis, de la vulve et du vagin) (Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment - Canada.ca).

Chaque année en France, on estime que plus de 6 000 nouveaux cas de cancers sont attribuables à des infections à papillomavirus (Haute Autorité de Santé - Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons) – principalement des cancers du col de l’utérus chez la femme, mais aussi des cancers ORL, anaux ou du pénis chez l’homme.

Par ailleurs, les HPV dits « à bas risque » peuvent provoquer des lésions bénignes comme les verrues génitales (condylomes), qui sans être mortelles, engendrent une gêne physique et psychologique non négligeable (Tout savoir sur les Papillomavirus (HPV) | Papillomavirus.fr).

En résumé, le papillomavirus est un virus extrêmement commun et contagieux, souvent sans symptôme, mais dont certaines souches peuvent provoquer des verrues génitales et des cancers. Ce guide vous propose un tour d’horizon complet et pédagogique pour comprendre ce virus, depuis ses modes de transmission jusqu’aux moyens de s’en protéger, en passant par les symptômes, le dépistage et les traitements disponibles.

Causes et modes de transmission du papillomavirus

Un virus très répandu et contagieux

Les HPV se transmettent principalement par contact cutanéo-muqueux direct. Concrètement, la transmission a lieu lors de rapports sexuels (génitaux, oraux ou anaux), par simple contact intime de peau à peau, même sans pénétration (HPV and condom use: Risks and more).

Contrairement à d’autres IST, le papillomavirus ne nécessite pas d’échange de liquides biologiques pour passer d’une personne à l’autre : un frottement des muqueuses ou de la peau suffit.

C’est pourquoi l’usage du préservatif, bien qu’utile, ne protège pas totalement contre le HPV : le virus peut infecter des zones non couvertes par le condom (pubis, bourses, vulve, périnée, etc.) (HPV and condom use: Risks and more) (HPV and condom use: Risks and more).

Néanmoins, le préservatif réduit significativement le risque de transmission et reste fortement recommandé à chaque rapport sexuel, surtout en l’absence de statut viral connu ou de vaccination.

Le papillomavirus est extrêmement courant. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la plupart des personnes sexuellement actives seront infectées par un HPV à un moment de leur vie (). Des estimations chiffrées indiquent que 70 à 80 % des hommes et des femmes sexuellement actifs contracteront le virus au moins une fois (Tout savoir sur les Papillomavirus (HPV) | Papillomavirus.fr).

En l’absence de vaccination, ce taux pourrait même approcher les 90 % (Roche | Cancer du col de l'utérus - Dépistage, diagnostic et traitement). Autrement dit, presque tout le monde est exposé tôt ou tard à ce virus.

La contamination survient d’ailleurs souvent dès les premières années de la vie sexuelle (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles), ce qui explique qu’on détecte fréquemment des infections à HPV chez les jeunes adultes.

Outre la voie sexuelle, d’autres modes de transmission sont possibles bien que plus rares : une mère infectée peut par exemple transmettre le virus à son enfant lors de l’accouchement (ce qui peut provoquer chez le nouveau-né une papillomatose respiratoire, une affection rare où des verrues se développent dans la gorge). En revanche, la transmission par les objets ou surfaces (linge, toilettes…) est très limitée, le virus survivant mal hors de l’organisme.

Facteurs de risque et groupes à risque

Le premier facteur de risque d’attraper un papillomavirus, c’est tout simplement d’être sexuellement actif. Toutefois, certains facteurs augmentent la probabilité de contracter ou de conserver une infection HPV :

  • Multiplicité des partenaires sexuels : plus on a de partenaires au cours de sa vie (ou si son partenaire a lui-même eu de nombreux partenaires), plus on multiplie les occasions d’exposition au virus (HPV infection - Symptoms & causes - Mayo Clinic). Inversement, une relation monogame mutuellement exclusive réduit le risque (sauf si l’un des partenaires a été infecté auparavant sans le savoir).
  • Âge au début de la vie sexuelle : commencer les relations sexuelles très jeune peut augmenter le risque d’infection, car le col de l’utérus des adolescentes est plus sensible aux infections et parce qu’un début précoce s’accompagne souvent d’un plus grand nombre de partenaires sur la durée de vie.
  • Système immunitaire affaibli : les personnes immunodéprimées (par exemple, vivant avec le VIH ou sous traitement immunosuppresseur) éliminent moins efficacement le HPV. Elles risquent donc davantage de développer des infections persistantes et des lésions.
  • Tabagisme : le tabac n’augmente pas le risque d’attraper le virus, mais il diminue la capacité du corps à s’en débarrasser. Chez les fumeuses, les infections à HPV ont tendance à persister plus longtemps, ce qui accroît le risque de lésions précancéreuses.
  • Hygiène sexuelle insuffisante : même si le HPV peut infecter n’importe qui, une bonne hygiène et l’usage du préservatif contribuent à réduire la transmission d’IST en général. Notons toutefois que ni la toilette ni le préservatif ne peuvent éliminer complètement le risque de HPV, pour les raisons vues plus haut.

Il est important de souligner que les hommes comme les femmes sont concernés par le papillomavirus. Longtemps, le HPV a surtout été abordé sous l’angle du cancer du col de l’utérus chez la femme, mais on sait désormais que les hommes sont tout autant porteurs et vecteurs de ces virus.

Une étude récente publiée dans The Lancet Global Health a montré qu’en 2023, près d’un homme sur trois de plus de 15 ans dans le monde était infecté par au moins un HPV génital, et qu’un sur cinq hébergeait une souche à haut risque oncogène ( One in three men worldwide are infected with genital human papillomavirus ).

Les hommes peuvent développer des cancers induits par le HPV (cancers du pénis, de l’anus et de la sphère ORL notamment (Haute Autorité de Santé - Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons), et ils jouent un rôle clé dans la transmission du virus aux partenaires. De ce fait, tout le monde – indépendamment du genre – a intérêt à se protéger contre les papillomavirus.

Symptômes et complications du HPV : verrues, lésions précancéreuses et cancers

Infections à HPV : des manifestations souvent invisibles

Dans la grande majorité des cas, une infection par le papillomavirus ne provoque aucun symptôme immédiat. La personne infectée n’a ni douleur, ni gêne notable, et ne se doute pas de la présence du virus.

C’est l’un des défis posés par le HPV : il peut se propager silencieusement d’un individu à l’autre, alors même que les porteurs se sentent en parfaite santé. On estime que 90 % des infections à HPV guérissent spontanément grâce au système immunitaire en l’espace de 1 à 2 ans (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles).

Durant ce laps de temps, le virus peut rester dormant (latent) sans causer de dommages visibles, avant d’être éliminé naturellement par l’organisme.

Cependant, dans environ 10 % des cas, l’infection persiste au-delà de deux ans (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles). C’est principalement dans ces cas de portage persistant que des complications peuvent survenir.

Les papillomavirus se multiplient dans les cellules de la peau ou des muqueuses et peuvent, à la longue, altérer le fonctionnement normal de ces cellules. On distingue deux grandes catégories de HPV :

  • Les HPV à bas risque : par exemple les types 6 et 11, responsables de la plupart des verrues génitales (condylomes acuminés). Ces souches peuvent provoquer des lésions bénignes de la peau ou des muqueuses, qui se manifestent par des petites excroissances indolores, de couleur chair ou rosée, à la surface des tissus.

    Les verrues génitales apparaissent classiquement sur le pénis, la vulve, le vagin ou autour de l’anus. Elles peuvent être uniques ou multiples, de taille variable, parfois regroupées en « chou-fleur ». Elles n’évoluent pas vers un cancer, mais sans traitement, elles peuvent persister, s’étendre ou récidiver, entraînant un inconfort (démangeaisons, brûlures, saignements possibles (Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment - Canada.ca)) et un retentissement psychologique (honte, gêne dans la vie sexuelle).

    Les condylomes peuvent être particulièrement nombreux chez les personnes immunodéprimées. Ils se traitent généralement bien (voir section Traitement), mais le virus en cause peut rester présent et d’autres verrues peuvent réapparaître tant qu’il n’est pas éliminé par l’organisme.
  • Les HPV à haut risque : ce groupe inclut une douzaine de génotypes (dont les types 16, 18, 31, 33, 45, etc.), qualifiés « d’oncogènes » car ils peuvent, en cas d’infection persistante, mener au développement de cancers.

    Ces souches n’induisent pas de verrues visibles. L’infection reste le plus souvent silencieuse pendant des années. Néanmoins, le virus peut provoquer progressivement des anomalies cellulaires sur le site d’infection. Par exemple, au niveau du col de l’utérus, les cellules infectées par un HPV oncogène peuvent subir des transformations anormales qu’on appelle lésions dysplasiques (ou lésions précancéreuses).

    Ces lésions ne causent pas de symptômes notables (pas de douleur, pas de saignement), ce qui rend le dépistage indispensable pour les détecter. Sans prise en charge, certaines de ces lésions précancéreuses évolueront peu à peu vers un cancer invasif.

    Ce processus est lent : on estime qu’il faut en moyenne 10 à 15 ans (parfois plus) pour qu’une infection persistante à HPV provoque un cancer du col de l’utérus (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles). Le même mécanisme peut se produire sur d’autres tissus : muqueuse anale, muqueuse de la gorge, vulve, vagin, pénis.

Des complications potentiellement graves : cancers liés au papillomavirus

Le cancer du col de l’utérus est la complication la plus emblématique des HPV oncogènes. Près de 70 % des cancers du col sont dus aux types HPV 16 et 18, mais au total, plus d’une vingtaine de génotypes de papillomavirus sont capables d’entraîner un cancer du col.

Ce cancer met des années à se constituer et passe par des étapes de lésions précancéreuses appelées CIN (néoplasie cervicale intra-épithéliale) de grade 1, 2 puis 3. S’il n’est pas détecté et traité à temps, un cancer invasif peut apparaître, pouvant se traduire par des symptômes à un stade avancé (saignements vaginaux en dehors des règles ou après les rapports, douleurs pelviennes, pertes vaginales anormales).

Le cancer du col de l’utérus demeure un problème de santé publique majeur dans le monde, avec plus de 340 000 décès par an chez les femmes ( One in three men worldwide are infected with genital human papillomavirus ), principalement dans les pays où le dépistage et la vaccination sont insuffisants.

En France, environ 3 000 nouveaux cas et plus de 1 000 décès surviennent chaque année, malgré les progrès du dépistage (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles).

Les autres cancers liés au HPV sont moins connus du grand public, mais méritent d’être mentionnés :

  • Le cancer de l’anus est associé au HPV dans environ 90 % des cas (Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment - Canada.ca). Les HPV 16 et 18 sont les principaux responsables. Ce cancer touche autant les hommes que les femmes. Les personnes immunodéprimées et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) sont plus à risque. Des saignements rectaux, des douleurs ou une masse anale peuvent être des signes d’alerte, mais souvent le diagnostic est tardif.
  • Les cancers ORL (ORL pour oto-rhino-laryngés, principalement le cancer de l’oropharynx, c’est-à-dire de la gorge, y compris amygdales et base de langue) sont de plus en plus souvent liés au HPV, en particulier le HPV 16. On estime que 60 à 70 % des cancers de l’oropharynx sont dus au papillomavirus (Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment - Canada.ca).

    Ce type de cancer concerne plus fréquemment les hommes, avec comme facteurs favorisants le tabac et l’alcool en combinaison avec le HPV. Des difficultés à avaler, des maux de gorge chroniques ou des ganglions persistants peuvent être des signes, mais ces cancers restent difficiles à détecter précocement.
  • Le cancer du pénis (rare) est attribuable au HPV dans environ 40 à 50 % des cas (Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment - Canada.ca). Il peut débuter par des lésions sur le gland ou le prépuce. Une lésion qui ne guérit pas, un épaississement ou une verrue qui se transforme doivent alerter.
  • Le cancer de la vulve et du vagin chez la femme : le HPV intervient dans près de 40 % de ces cancers (Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment - Canada.ca). Ils restent relativement rares et touchent le plus souvent des femmes plus âgées. Des démangeaisons, douleurs ou ulcérations chroniques de la vulve peuvent être des signes évocateurs à investiguer.

Enfin, une complication rare chez l’enfant est la papillomatose laryngée juvénile : des HPV (généralement de types 6 ou 11 transmis lors de l’accouchement) provoquent des verrues au niveau du larynx, entraînant des troubles respiratoires. C’est une affection rare mais sérieuse, nécessitant des traitements au laser répétés pour dégager les voies respiratoires.

Il est important de garder à l’esprit que la majorité des infections à HPV ne conduiront pas à un cancer. Le plus souvent, soit l’infection disparaît d’elle-même, soit les lésions précancéreuses éventuelles sont détectées à temps grâce au dépistage et traitées avant d’évoluer. Néanmoins, étant donné l’absence de symptômes dans la phase précancéreuse, la vigilance repose essentiellement sur le dépistage régulier chez les personnes à risque (notamment toutes les femmes pour le cancer du col utérin).

Diagnostic et dépistage du papillomavirus

Comment détecte-t-on la présence du HPV ?

Diagnostiquer une infection à HPV n’est pas évident en l’absence de symptômes, car il n’existe pas de signe clinique spécifique du portage viral. Dans la pratique médicale courante, on ne recherche pas le papillomavirus chez une personne asymptomatique sauf dans le cadre d’un programme de dépistage (cancer du col) ou en présence de lésions évocatrices (verrues, anomalies constatées lors d’un examen gynécologique, etc.). Voici les principaux outils de diagnostic et dépistage :

  • Examen visuel et clinique : Le médecin peut identifier les verrues génitales à l’œil nu lors de l’examen physique, car ces lésions ont un aspect caractéristique (petites excroissances coniques ou en chou-fleur). Aucune analyse n’est nécessaire pour confirmer un condylome génital dans la plupart des cas : un professionnel de santé reconnaît facilement ces verrues liées au HPV (Infection par le papillomavirus humain (VPH) - Infections - Manuels MSD pour le grand public).

    Si besoin, une biopsie (prélèvement d’un fragment de la lésion) peut être effectuée pour analyse, notamment si l’aspect est atypique ou si un traitement standard a échoué, afin de confirmer qu’il s’agit bien d’une lésion bénigne.
  • Frottis cervico-utérin (test de Pap) : C’est le pilier du dépistage du cancer du col de l’utérus chez la femme. Le frottis consiste à prélever, à l’aide d’une petite brosse, des cellules superficielles au niveau du col de l’utérus, puis à les analyser au microscope (cytologie). Ce test ne détecte pas directement le virus, mais recherche des anomalies cellulaires éventuelles provoquées par le HPV.

    Un frottis permet d’identifier des lésions précancéreuses du col, même en l’absence de tout symptôme. En France, il est recommandé à toutes les femmes de 25 à 65 ans de réaliser un dépistage régulier du col de l’utérus (Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus | ameli.fr | Assuré).

    Concrètement, le programme prévoit : un frottis cytologique tous les 3 ans (après deux premiers frottis normaux à un an d’intervalle entre 25 et 29 ans) (Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus | ameli.fr | Assuré), puis – depuis les nouvelles recommandations – un test HPV tous les 5 ans à partir de 30 ans (Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus | ameli.fr | Assuré).

    En effet, chez les femmes de plus de 30 ans, tester directement la présence du virus HPV (HPV-HR) sur le prélèvement du col est plus efficace : si le test viral est négatif, le risque est très faible pour les années suivantes. Si le test est positif, une analyse cytologique de contrôle est faite sur le même échantillon pour voir si des cellules anormales sont présentes (Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus | ameli.fr | Assuré).
  • Test HPV (détection du virus) : Comme indiqué, ce test virologique consiste à rechercher le matériel génétique du virus (ADN viral) dans un prélèvement effectué sur le col de l’utérus. Il cible spécifiquement les HPV à haut risque (HPV-HR).

    Un résultat positif signifie qu’une souche potentiellement oncogène est présente sur le col, même si les cellules sont encore normales. Le test HPV est utilisé en dépistage primaire chez les femmes ≥30 ans (tous les 5 ans si négatif) (Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus | ameli.fr | Assuré), et comme examen de second recours en cas de frottis cytologique douteux ou anormal chez les femmes plus jeunes.

    Il est beaucoup plus sensible que le frottis classique pour repérer les infections à risque, mais il est moins spécifique (beaucoup d’infections transitoires ne donneront jamais de cancer). C’est pourquoi on l’associe à la cytologie de tri (pour déterminer s’il y a déjà des lésions).
  • Colposcopie et biopsies : Si un frottis s’avère anormal ou si un test HPV est positif avec une cytologie anormale, le gynécologue réalise une colposcopie. C’est un examen du col de l’utérus au microscope après application de colorants (acide acétique, lugol) pour mieux visualiser d’éventuelles lésions.

    Des biopsies ciblées peuvent être faites pendant la colposcopie : on prélève un minuscule échantillon de tissu du col ou du vagin pour une analyse anatomopathologique. La biopsie permettra de poser un diagnostic précis (par exemple, confirmer une lésion précancéreuse de haut grade ou un cancer débutant).
  • Dépistage des autres cancers HPV-induits : Actuellement, il n’y a pas de dépistage de routine largement institué pour les autres localisations (anus, gorge, pénis) chez la population générale (Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment - Canada.ca). Toutefois, certains groupes à risque bénéficient d’une surveillance ciblée.

    Par exemple, un frottis anal annuel est parfois proposé aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes vivant avec le VIH, pour dépister des lésions anales précancéreuses. De même, les patients ayant eu des antécédents de condylomes anaux étendus ou de cancers ORL peuvent faire l’objet d’un suivi renforcé.

    Mais il n’existe pas de programme de dépistage systématique du cancer anal ou ORL lié au HPV à l’échelle de la population, en partie parce qu’il n’y a pas encore de stratégie simple et validée équivalente au frottis du col.

Pour le grand public, le message essentiel en matière de dépistage est le suivant : toutes les femmes de 25 à 65 ans doivent participer au dépistage du cancer du col de l’utérus en réalisant les tests (frottis et/ou test HPV) selon la fréquence recommandée par les autorités de santé (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles).

Ce dépistage sauve des vies en permettant de détecter et de traiter les lésions précancéreuses avant l’apparition d’un cancer (Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus | ameli.fr | Assuré). Il est également important de consulter un médecin en cas de symptômes inhabituels (verrues génitales, saignements inexpliqués, lésions visibles) afin de procéder aux examens appropriés.

Traitement et prise en charge du papillomavirus

Pas de traitement curatif du virus, mais des lésions traitables

À ce jour, il n’existe pas de traitement antiviral spécifique capable d’éliminer le papillomavirus de l’organisme. Dans la plupart des cas, c’est le système immunitaire de la personne infectée qui va travailler et parvenir, avec le temps, à éliminer ou contrôler le virus.

La prise en charge médicale du HPV consiste donc essentiellement à traiter les manifestations provoquées par le virus (verrues, lésions du col, etc.) et à surveiller l’évolution. Voici les principales approches :

  • Traitement des verrues génitales (condylomes) : Les verrues anogénitales peuvent être traitées de différentes façons, en fonction de leur nombre, de leur taille et de leur localisation. La méthode la plus courante est la cryothérapie : le médecin applique de l’azote liquide pour geler et détruire les verrues. C’est un geste rapide, un peu douloureux sur le coup, mais très efficace, avec cicatrisation en quelques jours (Infection par le papillomavirus humain (VPH) - Infections - Manuels MSD pour le grand public).

    D’autres traitements topiques existent : application de solutions ou crèmes à base de podophyllotoxine, d’imiquimod ou d’acide trichloracétique, qui détruisent les lésions sur plusieurs semaines. Dans certains cas, on peut proposer l’électrocoagulation (destruction par courant électrique) ou le laser pour vaporiser les verrues, notamment si elles sont volumineuses ou résistantes.

    Quel que soit le traitement, il est fréquent que les condylomes récidivent, car le virus peut persister dans les tissus avoisinants ; plusieurs séances peuvent donc être nécessaires. Une fois que le système immunitaire aura éliminé le virus, les récidives cesseront.

    À noter : traiter les verrues a aussi pour but de réduire la contagiosité, car tant qu’elles sont présentes, le risque de transmission du HPV à un partenaire est élevé.
  • Surveillance ou traitement des lésions précancéreuses du col de l’utérus : En cas de résultat de dépistage anormal (frottis indiquant une dysplasie, test HPV positif persistant), la conduite dépend de la gravité de la lésion détectée.

    Les lésions de bas grade (CIN1), souvent transitoires, peuvent faire l’objet d’une simple surveillance régulière : un contrôle quelques mois plus tard permettra de vérifier si elles ont disparu spontanément ou si elles persistent/évoluent. Pour les lésions de haut grade (CIN2 ou CIN3), un traitement chirurgical conservateur est généralement proposé afin de retirer la zone atteinte et d’éviter l’évolution vers le cancer.

    Le geste de référence est la conisation du col : le gynécologue prélève, sous anesthésie locale ou générale, un petit cône de tissu au niveau du col utérin qui englobe la lésion anormale (Cancers du col de l'utérus : les traitements et soins de support).

    La conisation permet d’éliminer la zone infectée par le HPV et les cellules précancéreuses, tout en conservant l’utérus (la patiente pourra donc avoir des enfants par la suite dans la plupart des cas). D’autres techniques peuvent être utilisées selon les cas : la LEEP (exérèse à la anse diathermique) équivalente à la conisation mais avec un fil électrique, la cryothérapie ou le laser pour détruire des petites lésions localisées du col.

    Après traitement, un suivi rapproché est mis en place pendant quelques années (avec tests HPV et frottis de contrôle) pour s’assurer de la réussite de l’intervention et de l’absence de récidive.
  • Prise en charge des cancers liés au HPV : Si un cancer du col de l’utérus (ou autre cancer HPV-induit) est diagnostiqué, la prise en charge suit les protocoles standard en fonction du stade et de la localisation : chirurgie (par exemple hystérectomie pour un cancer du col invasif), radiothérapie et/ou chimiothérapie, traitements ciblés éventuels.

    L’objectif de ce guide n’est pas de détailler ces traitements anticancéreux, mais retenons qu’ils sont lourds et souvent évitables grâce au dépistage et à la vaccination. En traitant les lésions précancéreuses avant qu’elles ne dégénèrent, on évite d’en arriver à ces traitements du cancer proprement dit.

Vivre avec une infection à HPV : évolution naturelle et conseils

Apprendre qu’on est porteur d’un papillomavirus peut être source d’inquiétude, mais il faut garder à l’esprit plusieurs points rassurants :

  • Dans l’immense majorité des cas, le virus finit par disparaître de lui-même. Cela peut prendre quelques mois à quelques années. Une hygiène de vie saine peut aider l’organisme à s’en débarrasser : ne pas fumer, avoir une alimentation équilibrée, gérer son stress et traiter d’éventuels déficits immunitaires.
  • Avoir un HPV n’implique pas forcément des lésions : beaucoup de porteurs ne développeront jamais ni verrues ni anomalies sur le col. Chaque système immunitaire réagit différemment.
  • Ce n’est pas une fatalité ni une « faute » : le HPV est si courant qu’il fait quasiment partie de la vie sexuelle normale. Attraper un papillomavirus n’est pas signe de déloyauté de son partenaire ni de « mauvaises mœurs » ; une seule relation sexuelle non protégée peut suffire, et le virus peut rester silencieux longtemps. Il est souvent impossible de savoir à quand remonte l’infection ou qui l’a transmise, donc la stigmatisation n’a pas lieu d’être.
  • Informer son/sa partenaire : c’est un sujet délicat, car il n’existe pas d’obligation légale de signaler une infection à HPV à ses partenaires (contrairement à d’autres IST). Néanmoins, par honnêteté et pour inciter au dépistage et à la vaccination, il est souhaitable d’en parler. La difficulté est que, sans symptômes, votre partenaire est peut-être déjà porteur ou porteuse du virus sans le savoir. Discuter du HPV dans le couple peut être l’occasion de prendre ensemble des mesures de prévention (usage du préservatif, consultation médicale, vaccination si éligible).
  • Suivi médical : si vous avez eu un diagnostic de HPV (par exemple un frottis positif), suivez bien les recommandations de votre médecin pour les contrôles ultérieurs. Il est crucial de respecter les rendez-vous de suivi (par exemple refaire un test dans 6 ou 12 mois) pour vérifier la clairance virale ou traiter rapidement une éventuelle lésion.
  • Pas de panique : même en cas de lésions précancéreuses détectées, les traitements disponibles sont très efficaces pour éviter la progression vers un cancer. Le dépistage précoce assure généralement une guérison complète, avec un impact minimal sur la santé à long terme.

Prévention du papillomavirus : vaccination et mesures de protection

Vaccination anti-HPV : une révolution pour la santé publique

La prévention la plus efficace contre les papillomavirus est sans conteste la vaccination. Les vaccins contre le HPV protègent contre les principaux types de virus responsables de cancers et de verrues, et ont le potentiel de faire chuter drastiquement l’incidence de ces maladies dans les générations futures.

Quels vaccins existent ?
Actuellement, trois vaccins ont été développés dans le monde : un vaccin bivalent (Cervarix©, qui cible les HPV 16 et 18), un vaccin quadrivalent (Gardasil©, qui cible les HPV 6, 11, 16 et 18) et un vaccin nonavalent de dernière génération (Gardasil 9©, qui cible 9 types de HPV : 6, 11, 16, 18 et cinq autres types oncogènes supplémentaires).

En France et dans de nombreux pays, c’est le Gardasil 9 qui est aujourd’hui majoritairement utilisé, car il offre la protection la plus large. Tous ces vaccins sont prophylactiques : ils préviennent l’infection mais n’ont aucun effet sur un HPV déjà acquis. Ils sont constitués de particules virales inoffensives (protéines L1 auto-assemblées) ne contenant pas d’ADN viral : ils ne peuvent donc pas provoquer l’infection et sont très bien tolérés.

À qui la vaccination est-elle recommandée ?
L’Organisation mondiale de la Santé recommande de vacciner en priorité les jeunes filles entre 9 et 14 ans (), avant le début de la vie sexuelle (pour garantir qu’elles ne sont pas encore exposées au virus). De nombreux pays, dont la France, ont étendu la recommandation vaccinale aux garçons également, afin d’assurer une protection de groupe et de prévenir les cancers masculins.

En France, depuis 2021, la vaccination HPV est recommandée pour toutes les adolescentes et tous les adolescents de 11 à 14 ans, avec un schéma de 2 doses (à 6-12 mois d’intervalle) administrées idéalement en classe de 5e. Un rattrapage vaccinal est possible pour les jeunes de 15 à 19 ans (3 doses) s’ils n’ont pas été vaccinés plus jeunes.

Par ailleurs, une recommandation spécifique existe pour les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) jusqu’à 26 ans, qui peuvent encore bénéficier du vaccin s’ils ne l’ont pas eu plus tôt (Prévention cancer -Papillomavirus : vaccination généralisée reconduite à la rentrée 2024 pour les élèves de 5e | Service-Public.fr).

Dans certains pays (comme les États-Unis ou le Canada), la vaccination est approuvée jusqu’à 45 ans, mais l’efficacité est moindre une fois qu’on a potentiellement déjà été exposé au virus. En France, la vaccination des adultes n’est pas systématiquement recommandée en dehors des cas évoqués, mais elle peut être discutée au cas par cas avec un médecin.

Quelle est l’efficacité du vaccin ?
Les vaccins HPV se sont révélés hautement efficaces pour prévenir les infections par les types de HPV qu’ils ciblent, ainsi que les maladies associées. Des études en population montrent des résultats impressionnants : dans les pays où la couverture vaccinale des jeunes filles est élevée (>80%), on observe une baisse drastique des lésions précancéreuses du col et des condylomes en quelques années.

Par exemple, en Australie (pays pionnier avec vaccination dès 2007), les verrues génitales chez les jeunes ont quasiment disparu, et les taux de dysplasies du col ont chuté de plus de 50%. On s’attend, d’ici quelques décennies, à une diminution marquée des cancers du col de l’utérus dans ces populations vaccinées.

Les essais cliniques ont montré une efficacité proche de 100 % du vaccin (Gardasil ou Cervarix) pour prévenir les lésions précancéreuses du col liées aux HPV 16/18 chez les jeunes femmes non exposées au virus au moment de la vaccination. Le Gardasil 9 élargit encore cette protection à cinq types oncogènes supplémentaires. Chez les garçons, l’efficacité est également démontrée sur la prévention des verrues anogénitales (≈90 %) et des lésions précancéreuses de l’anus (≈77 % chez les HSH) (Haute Autorité de Santé - Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons).

Bien que le recul soit encore insuffisant pour mesurer directement la réduction des cancers chez l’homme (pénis, oropharynx), on peut s’attendre à des bénéfices similaires, surtout pour les cancers ORL liés au HPV16.

La vaccination est-elle sûre ?
Oui, la vaccination anti-HPV est réputée très sûre. Des millions de doses ont été administrées depuis plus de 15 ans dans le monde. Les effets secondaires sont généralement bénins : douleur au bras, rougeur au point d’injection, fièvre modérée ou maux de tête passagers. De rares cas de réactions allergiques sévères (anaphylaxie) ont été rapportés, comme avec tout vaccin, mais ils sont exceptionnels (environ 1 à 2 cas par million).

Les rumeurs associant le vaccin HPV à des maladies auto-immunes ou à des troubles comme la sclérose en plaques n’ont pas été confirmées par les études de pharmacovigilance : les taux de ces maladies ne sont pas différents entre les populations vaccinées et non vaccinées. Les agences de santé (OMS, EMA, FDA…) soulignent toutes le profil de sécurité excellent des vaccins HPV ().

Campagnes de vaccination et couverture vaccinale :
En France, la couverture vaccinale HPV a longtemps été insuffisante (moins de 30% des jeunes filles complètement vaccinées vers 2018) (Haute Autorité de Santé - Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons), en partie à cause de controverses médiatiques et d’un manque d’information.

Pour inverser la tendance, les autorités ont lancé en 2023 une campagne de vaccination gratuite en milieu scolaire pour les élèves de 5e (filles et garçons) consentants. Plus de 100 000 élèves ont été vaccinés lors de la première campagne à l’automne 2023, et l’opération est reconduite en 2024.

L’objectif est d’atteindre une couverture suffisante pour que toute la population soit protégée indirectement, réduisant drastiquement la circulation du virus. En parallèle, il est important de continuer le dépistage du col de l’utérus même chez les femmes vaccinées (Prévention cancer -Papillomavirus : vaccination généralisée reconduite à la rentrée 2024 pour les élèves de 5e | Service-Public.fr), car le vaccin ne couvre pas tous les types de HPV oncogènes et ne bénéficie pas aux femmes déjà infectées avant la vaccination. Vaccination et dépistage sont deux approches complémentaires pour arriver, à terme, à éliminer le cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique.

Autres mesures de prévention

Outre la vaccination, qui est la pierre angulaire de la prévention du HPV, d’autres mesures contribuent à réduire le risque d’infection ou de complications :

  • Préservatif : Comme mentionné, le condom n’offre pas une protection absolue contre le papillomavirus, mais il diminue le risque de transmission de façon significative (HPV and condom use: Risks and more). Son utilisation systématique, surtout en cas de partenaires multiples ou occasionnels, reste une mesure de bon sens pour se prémunir contre de nombreuses IST, y compris partiellement contre le HPV.
  • Limitation du nombre de partenaires : Il s’agit là d’une considération statistique : moins on a de partenaires, moins on multiplie les expositions potentielles. Bien sûr, chacun est libre de sa vie intime, mais dans une optique de santé, la multiplication des partenaires sans protection augmente mécaniquement les risques d’attraper le HPV (et d’autres IST).
  • Communication et information : Parler avec son/sa partenaire de la santé sexuelle, du dépistage et de la vaccination peut aider à prendre des décisions conjointes pour se protéger mutuellement. Si vous êtes dans la tranche d’âge recommandée pour la vaccination et que cela n’a pas encore été fait, discutez-en avec votre médecin – même après le début de la vie sexuelle, le vaccin peut encore apporter une protection contre les types de HPV que vous n’auriez pas contractés.
  • Arrêt du tabac : Pour les fumeurs/fumeuses, arrêter de fumer est bénéfique pour l’immunité et permet au corps de mieux éliminer les infections à HPV. De plus, le tabac est un cofacteur de risque reconnu dans la progression vers le cancer du col : les fumeuses HPV positives ont plus de risque de développer des lésions cervicales. Arrêter de fumer réduit donc le risque que l’infection persiste et dégénère.
  • Hygiène de vie : De manière générale, maintenir un système immunitaire en forme aide à combattre les infections. Une alimentation équilibrée, la pratique d’une activité physique régulière, la gestion du stress et un sommeil suffisant constituent le socle d’une bonne santé et indirectement d’une meilleure résistance aux infections, y compris HPV.
  • Consultations régulières : Ne négligez pas les examens gynécologiques réguliers (pour les femmes) et consultez en cas de doute ou de symptôme anormal. Un suivi médical régulier permet de dépister tôt d’éventuels problèmes. De même, les hommes devraient consulter un médecin s’ils remarquent des verrues ou des lésions inhabituelles sur leurs organes génitaux ou toute autre inquiétude.

En combinant vaccination (prévention primaire) et dépistage (prévention secondaire), et en adoptant des pratiques sexuelles sûres, on peut considérablement diminuer l’impact du papillomavirus. L’OMS a d’ailleurs lancé une initiative globale pour éliminer le cancer du col de l’utérus, grâce à un triple objectif : 90% des jeunes filles vaccinées, 70% des femmes dépistées régulièrement, et 90% des femmes ayant des lésions précancéreuses traitées. L’ambition est qu’à l’horizon de quelques décennies, plus aucune femme ne meure d’un cancer évitable par le HPV.

Foire aux questions (FAQ) sur le papillomavirus

Q : Le papillomavirus est-il fréquent ?
R :
Oui, extrêmement fréquent. Le papillomavirus humain est l’IST la plus répandue. On estime que 8 à 9 personnes sur 10 seront infectées par un HPV au cours de leur vie (Roche | Cancer du col de l'utérus - Dépistage, diagnostic et traitement). La plupart du temps, l’infection est transitoire et passe inaperçue.

Q : Comment attrape-t-on le papillomavirus exactement ?
R :
Essentiellement lors de contacts sexuels (vaginaux, anaux ou oraux). Le HPV se transmet par contact direct entre les peaux ou muqueuses infectées. La pénétration n’est pas nécessaire : les caresses intimes peuvent suffire. Le préservatif réduit le risque sans l’éliminer totalement (HPV and condom use: Risks and more). On ne l’attrape pas via les objets usuels (toilette, piscine, etc.), le mode de transmission est vraiment le contact corporel intime.

Q : Quels sont les symptômes d’une infection à HPV ?
R :
La plupart du temps, il n’y a aucun symptôme. C’est d’ailleurs pour cela que le virus se propage facilement. Certaines souches provoquent des verrues génitales visibles (petites excroissances indolores), ce qui alerte la personne infectée. Mais les souches les plus dangereuses (HPV à haut risque) ne causent pas de symptômes immédiats – elles peuvent seulement être dépistées par un frottis ou un test en laboratoire. Ce n’est qu’à un stade avancé, si un cancer se développe, que des symptômes apparaissent (ex : saignements pour un cancer du col, mal de gorge persistant pour un cancer ORL, etc.). D’où l’importance du dépistage préventif.

Q : Avoir le HPV, est-ce que ça veut dire que je vais avoir un cancer ?
R :
Non, rassurez-vous. La grande majorité des personnes infectées par un HPV n’auront jamais de cancer. Dans 90% des cas, le virus disparaît spontanément en 1 à 2 ans sans causer de dommages (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles). Même s’il persiste, un suivi médical permet souvent de détecter et traiter d’éventuelles lésions précancéreuses à temps. Le cancer est une évolution possible, mais relativement rare au vu du nombre d’infections initiales. Par exemple, sur 100 femmes qui attrapent un HPV à haut risque, peut-être 10 auront une infection persistante, 2 ou 3 développeront des lésions précancéreuses, et si elles ne sont pas dépistées, 1 pourrait évoluer vers un cancer du col au bout de 10-15 ans. La combinaison vaccination + dépistage vise justement à réduire ce risque quasi à zéro.

Q : Les hommes peuvent-ils attraper le papillomavirus ?
R :
Oui, les hommes sont autant exposés que les femmes. Ils peuvent héberger le virus sur le pénis, le scrotum, l’anus ou dans la gorge (selon les pratiques sexuelles). Les hommes peuvent développer des verrues génitales et sont à risque de cancers du pénis, de l’anus et de la gorge dus au HPV (Haute Autorité de Santé - Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons). Un homme porteur asymptomatique peut aussi transmettre le virus à ses partenaires sans le savoir. La prévention (préservatif, vaccination) concerne donc aussi les hommes. D’ailleurs, la vaccination est désormais recommandée chez les garçons pour les protéger et contribuer à la protection collective.

Q : Existe-t-il un test pour savoir si un homme a le HPV ?
R :
Il n’y a pas de test de dépistage du HPV approuvé et recommandé chez l’homme s’il n’a pas de lésion visible. Contrairement au frottis chez la femme, on ne fait pas de frottis « de dépistage » chez l’homme. Cependant, si un homme présente des verrues, le diagnostic est généralement clinique (le médecin les reconnaît visuellement). En cas de doute sur une lésion (par exemple une plaie sur le pénis), une biopsie peut identifier la présence de HPV. Pour le dépistage du cancer anal chez les hommes à risque, certains centres pratiquent des frottis anaux, mais ce n’est pas (encore) un dépistage de routine généralisé (Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment - Canada.ca).

Q : Le test HPV chez la femme, en quoi ça consiste ?
R :
C’est un test effectué lors d’un prélèvement gynécologique, semblable au frottis. Au lieu (ou en plus) d’examiner les cellules, le laboratoire va rechercher la trace du virus (son ADN) dans l’échantillon prélevé sur le col. Le résultat indique si oui ou non un HPV à haut risque est présent. Un résultat positif n’est pas alarmant en soi (beaucoup de femmes jeunes auront un HPV positif à un moment donné), mais il conduit le médecin à être plus vigilant : soit refaire un test plus tard pour voir s’il persiste, soit réaliser des examens complémentaires (colposcopie, biopsie) pour vérifier s’il y a déjà une lésion.

Q : Peut-on traiter le papillomavirus ou guérir ?
R :
On ne peut pas éradiquer le virus par un médicament, mais dans la plupart des cas l’organisme guérit de lui-même. Aucun antiviral spécifique n’existe contre le HPV actuellement. Le suivi consiste à traiter les lésions apparentes (verrues, dysplasies) pour éviter des complications et à surveiller. Une fois le virus éliminé naturellement par le système immunitaire, on peut considérer la personne guérie (même si on ne fait pas de test sanguin comme pour d’autres maladies – il n’y a pas de sérologie HPV fiable). Il est cependant possible de contracter à nouveau le même HPV ou un autre type de HPV plus tard, d’où l’intérêt de la vaccination qui, elle, confère une protection durable contre les principaux types oncogènes et à verrues.

Q : La vaccination HPV est-elle vraiment nécessaire ?
R :
Elle est fortement recommandée. Même si on peut avoir été exposé au virus, le vaccin protège contre plusieurs types à la fois et peut éviter de futures infections dangereuses. Idéalement, il faut la faire avant d’être exposé (à l’adolescence), car l’efficacité est maximale. Mais même chez les jeunes adultes, se faire vacciner peut apporter une protection résiduelle. La vaccination a démontré son efficacité pour réduire les verrues et les lésions précancéreuses (Haute Autorité de Santé - Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons), et sauvera des vies à long terme en évitant de nombreux cancers. Les autorités sanitaires, l’OMS, l’Institut National du Cancer… tous préconisent cette vaccination qui a un excellent profil de sécurité. En France, elle est gratuite pour les 11-14 ans dans le cadre du calendrier vaccinal recommandé (et peut être proposée en milieu scolaire en classe de 5e).

Q : Si je suis vacciné(e), dois-je quand même faire les frottis ?
R :
Oui ! La vaccination ne dispense pas du dépistage du col de l’utérus (Prévention cancer -Papillomavirus : vaccination généralisée reconduite à la rentrée 2024 pour les élèves de 5e | Service-Public.fr). Même vacciné, il faut continuer les frottis selon les recommandations (tous les 3 ou 5 ans selon l’âge). Pourquoi ? D’une part le vaccin ne couvre pas tous les HPV (Gardasil 9 protège contre 9 types, dont les principaux responsables de cancers, mais pas tous les types oncogènes existants). D’autre part, si vous aviez déjà un HPV avant la vaccination, le vaccin ne l’éliminera pas. Le dépistage reste donc indispensable pour toutes les femmes, vaccinées ou non.

Q : J’ai plus de 30 ans, est-il trop tard pour se faire vacciner ?
R :
Officiellement en France, la recommandation s’arrête à 19 ans (ou 26 ans pour les HSH), car on considère qu’après, la plupart des personnes sexuellement actives ont déjà été exposées à l’un ou l’autre HPV. Cependant, ce n’est pas automatique : si vous avez eu peu de partenaires, ou même si vous en avez eu plusieurs, il est possible que vous n’ayez pas rencontré les types de HPV que couvre le vaccin. Certains médecins acceptent de vacciner au-delà des recommandations, jusqu’à 45 ans, après avoir bien informé la personne que l’efficacité peut être moindre. Aux États-Unis, par exemple, la vaccination est approuvée jusqu’à 45 ans sur demande. Donc techniquement, ce n’est pas « trop tard », mais le bénéfice attendu diminue avec l’âge. Il est préférable d’en discuter avec un professionnel de santé, qui évaluera votre situation individuelle.

Q : Où puis-je trouver plus d’informations fiables sur le HPV ?
R :
Vous pouvez consulter des sources fiables comme le site de l’Institut National du Cancer (INCa), le site gouvernemental Santé Publique France, ou encore des organismes internationaux comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ou le Centers for Disease Control (CDC) qui publient des fiches sur le sujet. En fin d’article, nous listons plusieurs références de qualité. N’hésitez pas également à en parler avec votre médecin traitant ou votre gynécologue, qui pourront répondre à vos questions en fonction de votre situation personnelle.

Sources médicales et références

  • Organisation mondiale de la Santé (OMS)Normes de surveillance des maladies évitables par la vaccination : Virus du papillome humain. Ce document de l’OMS (version française) rappelle que le HPV est l’une des IST les plus fréquentes et la cause nécessaire du cancer du col de l’utérus () (). Il précise aussi que la majorité des infections sont asymptomatiques et guérissent spontanément en 1 à 2 ans (). L’OMS recommande la vaccination des jeunes filles de 9 à 14 ans en priorité () et souligne l’innocuité et l’efficacité des trois vaccins disponibles ().
  • Ministère de la Santé (France)Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus. Article d’information publique (mis à jour le 02.08.2024) sur le site du Ministère, qui explique la nature des HPV, leur mode de transmission et insiste sur la complémentarité vaccination + dépistage pour prévenir le cancer du col. On y apprend qu’il existe plus de 150 types de HPV dont 40 infectant la région génitale, que 90% des infections sont transitoires, et que les HPV16/18 causent 70% des cancers du col. L’article fournit des chiffres français (3000 cas de cancer du col par an) et rappelle le dépistage de 25 à 65 ans par frottis (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles).
  • Assurance Maladie (Ameli.fr)Dépistage organisé du cancer du col de l’utérus. Fiche explicative (2025) détaillant le programme de dépistage en France. Elle confirme que 80% des adultes seront infectés par un HPV au cours de leur vie. Elle explique la progression : dans 10% des cas le virus persiste et peut provoquer des lésions précancéreuses qui évoluent vers un cancer en 10 à 15 ans si non traitées. La fiche décrit les modalités du dépistage : frottis cytologique de 25 à 30 ans, puis test HPV tous les 5 ans de 30 à 65 ans (Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus | ameli.fr | Assuré). Elle rappelle que le dépistage s’adresse à toutes les femmes, vaccinées ou non (Papillomavirus humains (HPV) et cancer du col de l’utérus - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles).
  • Haute Autorité de Santé (HAS)« Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons » (Actualité du 24/01/2020). La HAS y annonce l’élargissement de la vaccination aux garçons de 11 à 14 ans avec rattrapage jusqu’à 19 ans. Elle justifie cela par le fait que les hommes aussi transmettent le virus et peuvent développer des cancers liés au HPV (6000 cas de cancers HPV en France chaque année, dont 25% chez les hommes). Le document souligne l’efficacité du Gardasil chez les deux sexes (prévention de 90% des verrues et ~77% des lésions anales précancéreuses). Il décrit également le schéma vaccinal (2 doses 11-14 ans, 3 doses en rattrapage) et insiste sur l’intérêt de vacciner tous les adolescents, sans distinction, pour augmenter la couverture et éviter la stigmatisation (Haute Autorité de Santé - Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons).
  • Santé publique France / Service-Public.frActualité du 18/09/2024 : Papillomavirus, vaccination généralisée pour les élèves de 5e. Annonce gouvernementale de la campagne scolaire gratuite. Elle rappelle que la vaccination HPV n’est pas obligatoire mais fortement recommandée dès 11 ans. L’objectif est d’augmenter la couverture vaccinale et de prévenir un virus responsable chaque année de 6000 nouveaux cancers et 30 000 lésions précancéreuses du col en France. Sont précisés : le schéma (2 doses à 5 mois d’intervalle en 5e, le rattrapage 15-19 ans (3 doses) et l’importance de continuer le dépistage du col même si vaccinée (Prévention cancer -Papillomavirus : vaccination généralisée reconduite à la rentrée 2024 pour les élèves de 5e | Service-Public.fr).
  • Gouvernement du Canada (Santé publique)« Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment » (2023). Fiche en anglais fournissant des statistiques clés sur les cancers liés au HPV : HPV responsable de près de 100% des cancers du col, ~90% des cancers de l’anus, ~60-73% des cancers de l’oropharynx, ~40-50% du pénis, ~40% de la vulve/vagin. Ces chiffres, cités dans notre article, illustrent le rôle prépondérant du HPV dans ces différentes maladies. La fiche souligne aussi que les lésions précancéreuses du col ne causent pas de symptômes et sont détectées par le Pap test, et rappelle qu’il n’y a pas de dépistage systématique pour les autres cancers HPV (Human papillomavirus (HPV): Symptoms and treatment - Canada.ca).
  • Manuel MSD (Version grand public)Infection par le papillomavirus humain (VPH) (mise à jour 2023). Ressource pédagogique en français validée par des médecins, qui résume bien l’essentiel : le HPV est transmis sexuellement et peut causer verrues, précancers ou cancers du col, du vagin, de la vulve, du pénis, de l’anus ou de la gorge. Le Manuel souligne que le HPV est l’IST la plus fréquente et qu’environ 80% des personnes sexuellement actives non vaccinées contracteront le virus à un moment donné. Sont également mentionnés le dépistage par frottis/Pap test et le fait que les vaccins préviennent les infections par la plupart des types dangereux (Infection par le papillomavirus humain (VPH) - Infections - Manuels MSD pour le grand public).
  • The Lancet Global HealthPrévalence mondiale de l’infection à HPV chez les hommes (2023). Étude scientifique ayant fait l’objet d’une actualité de l’OMS ( One in three men worldwide are infected with genital human papillomavirus ), citée dans ce guide pour souligner que 31% des hommes dans le monde portent une infection génitale à HPV (dont 21% une souche à haut risque). Cette donnée met en lumière l’importance d’inclure les hommes dans la lutte contre le HPV, par la vaccination et l’éducation, et a été utilisée dans notre article pour balayer l’idée reçue que seul le col de l’utérus féminin est concerné.

Pour en savoir plus : d’autres sources fiables incluent les sites des Centers for Disease Control (CDC) américains, de la Société canadienne du cancer, de l’Institut Pasteur, etc., qui proposent des brochures et études sur le sujet du HPV.